Le projet d'aménagement de place de la Concorde dévoilé

Actualité

Mise à jour le 27/03/2025

Fontaine de la place de la concorde en fonctionnement
D'ici 2030, la place de la Concorde (8e) devrait changer de visage. L'objectif est à la fois de sublimer le site tout en l'adaptant aux enjeux du réchauffement climatique. Pour fixer les règles du nouvel aménagement, une commission d'experts a remis 12 propositions pour son réaménagement.

Les ambitions du projet

Le projet doit permettre à la plus vaste place de Paris de retrouver son attrait en rétablissant le lien entre l’avenue des Champs-Élysées et le jardin des Tuileries par une réduction de la place dédiée à la circulation motorisée au profit des piétons, mais aussi en intégrant de la végétalisation pour faire face à des étés à 50 °C.
  • pacifier et apaiser la plus grande place parisienne, en facilitant sa traversée et privilégiant les mobilités actives ;
  • lutter contre l’îlot de chaleur, rafraîchir la place et favoriser les continuités écologiques ;
  • renouer avec le patrimoine végétal, l’histoire de la place et ses perspectives emblématiques ;
  • préserver la vocation d’espace de rassemblement de la Concorde ;
  • offrir une nouvelle expérience et de nouveaux usages.
Le périmètre de l’opération s’étend sur une surface de plus de 8 hectares, comprenant l’ensemble de la place de la Concorde, de la Seine, l’Hôtel de la Marine ainsi que les jardins des Champs-Élysées et les Tuileries. Le réaménagement de la place de la Concorde constituera un nouveau marqueur de la rénovation et de la mise en valeur de la séquence porte Maillot/place Charles-de-Gaulle Étoile/avenue des Champs-Élysées, d’ores et déjà initiées par les importants travaux réalisés porte Maillot, et les investissements réalisés par la Ville de Paris en 2023 sur l’avenue des Champs-Élysées, dans ses jardins, ainsi que sur la place de l’Étoile.
L’avenir de la place de la Concorde se construira en outre en s’appuyant sur les premières mises en valeur patrimoniales déjà engagées avec la rénovation des fontaines et de deux guérites.

Les 12 propositions de la commission Concorde

Plusieurs personnalités, ont été chargées de réfléchir à ces questions au cours des prochaines semaines. Ils sont réunis dans une commission d’experts présidée par Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture entre 2002 et 2004. Ann-José Arlot, architecte, inspectrice générale des affaires culturelles et directrice de l’architecture honoraire du ministère de la Culture, membre de l’Académie d’architecture et membre de la Commission du Vieux Paris en est la vice-présidente.Les autres membres sont : Lazare Eloundou Assomo, directeur du patrimoine mondial de l’Unesco, Isabelle Backouche, directrice d’études à l’EHESS-CRH, Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles, Stéphane Bern, journaliste et écrivain, Jean-Marc Blanchecotte, architecte urbaniste en chef de l’État honoraire, ancien chef de l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine de Paris, Patrick Boucheron, historien, professeur au Collège de France, Jeanne Bruge, directrice adjointe du Collectif Vélo Île-de-France, Alexandre Gady, historien de Paris et du patrimoine, François Gemenne, chercheur, enseignant sur les politiques du climat et les migrations internationales, président du conseil scientifique de la Fondation Nature et l’Homme, co-auteur du 6e rapport du GIEC, Julia Hidalgo, chercheuse au CNRS - climatologie et météorologie urbaines, impact et adaptation des villes au changement climatique, Jean Jouzel, paléoclimatologue, ancien vice-président du GIEC, Alexandre Labasse, architecte, directeur général de l’Atelier parisien d’Urbanisme, membre de l’Académie d’architecture et de la commission du Vieux Paris, président de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris Versailles, Jean-François Lagneau, architecte en chef des Monuments historiques, Jean-François Legaret, président de la Commission du Vieux Paris, et Marion Waller, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal.
À ces experts s’ajoute un collège de grands voisins regroupant les acteurs culturels, politiques et économiques de la place de la Concorde (Comité des Champs-Élysées, musée du Louvre, Hôtel Crillon…). L’objectif de la commission est de fixer les règles du jeu des possibles sur la place : prescriptions sur les vues, la mise en valeur du patrimoine, la place du végétal, etc.
La commission Concorde s’est réunie les 3 et 23 avril, les 14 et 22 mai et le 11 juin 2024 pour penser collectivement l’avenir de cette place. Voici la synthèse de ses préconisations :
  1. Conserver la composition symétrique de la place de la Concorde et les grandes perspectives
  2. Préserver et valoriser les éléments architecturaux et décors historiques existants qui donnent l’échelle de la place
  3. Retrouver la place-promenade historique avec ses fossés plantés
  4. Désimperméabiliser les parterres
  5. Adapter les essences végétales aux enjeux climatiques
  6. Retrouver la continuité entre les jardins Champs-Élysées et la place de la Concorde en effaçant la trémie existante
  7. Renforcer le lien avec la Seine en effaçant les trémies de la voie Georges Pompidou
  8. Réduire l’emprise de la circulation automobile pour redonner la priorité aux piétons et à la végétalisation
  9. Améliorer le confort de la place en faveur des piétons et de la promenade
  10. Assurer la coexistence des usages avec une séparation des flux
  11. Conserver le statut d’espace de rassemblement populaire : un lieu de mémoire, de culture et d’histoire
  12. Réaliser une charte pour harmoniser les évènements de courte durée
La mairie du 8e arrondissement a obtenu ce 12e point, afin de ne pas gâcher le paysage unique de la place par des évènements temporaires.

Un projet élaboré par une équipe pluridisciplinaire

Ces deux démarches ont abouti à un projet de réaménagement de la Concorde confié à cinq équipes de maîtrise d’œuvre. Les cinq équipes retenues :
  • Chatillon Architectes (patrimoine), Louis Benech (paysage) et Snohetta (urbanisme)
  • Antoine Dufour (patrimoine et paysage) et Atelier Soil (urbanisme)
  • Eugène (patrimoine), Michel Desvigne (paysage) et H2O (urbanisme)
  • Pierre Antoine Gatier (patrimoine) et Alexandre Chemetoff (paysage et urbanisme)
  • Philippe Prost (patrimoine et urbanisme) et Bruel Delmar (paysage)
Ces équipes pluridisciplinaires conduites par un Architecte en chef des monuments historiques ou un Architecte du patrimoine rassemblent toutes les compétences nécessaires (paysage, mobilité, sécurité, mobilier urbain) pour répondre à cet immense enjeu.
A l'issue de la consultation, c'est le projet porté par l'équipe de Philippe PROST et Bruel DELMAR qui a été désigné lauréat par un jury pluraliste.
Un projet mené avec le Ministère de la Culture
La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). a donné un avis favorable le 26 septembre 2024, en soulignant le sérieux et la pertinence du programme proposé pour la transformation de la place de la Concorde.

Le projet lauréat

Une dimension patrimoniale très forte

Les symétries de la place, issues des aménagements menées par Gabriel au 18e siècle puis par Hittorff au 19e siècle, seront consolidées, alors qu'elles avaient été malmenées par les évolutions successives de la place.
Le projet d'aménagement vue d'en haut
Les éléments qui fondent l'identité de la place seront tous restaurés : les six guérites qui n'ont pas été restaurées en 2023, les colonnes rostrales (2 seront recréées), les balustrades (certains morceaux détruits seront reconstruits) et les réverbères seront réimplantés selon le plan de 1835.

3 hectares végétalisés

Les fossés-jardins vont être recréés, sans être aussi profond compte tenu des infrastructures souterraines. Elles ne seront pas accessibles au public, mais des promenades sont créées de part et d'autres de la place pour en profiter.
Vue des fossés jardins-recréés
La liaison entre le jardin des Tuileries et celui des Champs-Élysées, entièrement rénové pour les Jeux de Paris, sera ainsi facilitée, en écho à la vocation originelle de cette place-promenade.
L'emprise des anciens parterres sera transformée en pelouses. Elles participeront ainsi de la création de près de 3 hectares d'espaces verts supplémentaires pour diminuer l'effet d'ilot de chaleur sur la place (7° en moins au sol).
Vue sur les pelouses
Les usages et le bon entretien des pelouses seront un point de vigilance, tout comme la limitation des évènements. Une charte sera établie avec la volonté de limiter les occupations à celles qui s'inscrivent dans le cadre de la place (Tour de France, défilé du 14 juillet).

Budget & calendrier

Le budget de l'opération est estimé à 38 M€ hors taxes.
Les travaux seront menés entre 2027 et 2030.