L'histoire de la Mairie du 8ème arrondissement de Paris
L'institution
Mise à jour le 08/11/2024
"Témoignage de la puissance industrielle de la France et de l'évolution de l'architecture par sa qualité, son homogénéité, l'hôtel Cail peut être considéré comme l'un des meilleurs modèles du style Second Empire et mérite d'être conservé intact."
Rapport de la commission de classement à l'Inventaire des Monuments Historiques - 1977
La Mairie du 8e arrondissement
Petite Histoire de la Mairie de Paris
Entre 1793 et 1860, le 8e arrondissement constituait une partie importante du 1er arrondissement, selon la division territoriale de Paris à cette époque.
La mairie de cet ancien 1er arrondissement s'est établi durant cette période dans différents hôtels particuliers, dont:
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l'hôtel de Lastours, rue du Faubourg-Saint-Honoré
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l'hôtel de Saint-Abre, rue d' Aguesseau
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l'hôtel Vignon, rue du Faubourg Saint-Honoré
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l'hôtel de Contades, rue d' Anjou
Ce dernier fut la résidence de la municipalité du nouveau 8e de 1860 à 1926, date à laquelle fut inaugurée la nouvelle mairie, en l' hôtel Cail, situé boulevard Malesherbes.
L'hôtel Cail, un hôtel très particulier…
Remarquable œuvre architectural du Second Empire, l'hôtel Cail en a conservé l'élégance et la richesse à travers une multitude de détails de décoration intérieure.
Marbres, riches parquets de mosaïques, dorures, plafonds ouvragés, sculptures, reliefs et mobilier Napoléon III font de cet hôtel particulier un des éléments architecturaux les plus intéressants de la capitale. Chaque salle recèle nombre de détails associés à des anecdotes tantôt originales, tantôt surprenantes qui feraient de cet endroit un véritable musée, si telle pouvait en être l'utilisation.
Ainsi, dans la salle d'attente des mariages - ancienne salle à manger - peut-on voir dans le mur la trace de l'impact d'une balle, soulignée de cette inscription : "22, mai 1871 - 2 heures après-midi". Trace d'impact, et trace d'histoire correspondant aux évènements de la Commune de Paris. Or, c' est ce même jour que Jean-François Cail, bien loin de son hôtel, est décédé. Surprenante coïncidence, s'il en est…
Jean-François Cail : un industriel polyvalent.
D'origine modeste, Jean-François Cail (1804-1871) est l'exemple type du "parti de rien". De simple ouvrier dans les ateliers de Charles Derosne, industriel, où il entra en 1824, J-F. Cail devient dès 1836 propriétaire de sa propre usine. Tous les domaines de la métallurgie sont exploités - dont la construction des fameuses locomotives Crampton - et ajoutés à la construction de machines pour le traitement du sucre.
Polyvalent donc, J-F. Cail fut également l'auteur d'un traité sur la fabrication du sucre et développa d'autre part le quartier de la Chapelle à l'attention du personnel de ses ateliers.
Du choix des artistes…
C'est à Albert Labouret, architecte de talent, qu'est confiée la conception de l'hôtel Cail. Dressé entre le boulevard Malesherbes, la rue de Lisbonne - où se situe actuellement l'entrée aux services de la mairie - et la rue du Général Foy, l'hôtel Cail fut construit entre 1865 et 1867. Composé de nombreuses salles, de deux ailes, d'une terrasse devenue aujourd'hui salle d'exposition, d'une cour intérieure et d'une voûte cochère reposant sur une série de colonnes corinthiennes percée sous l'aile droite, l'édifice présente tous les signes particuliers de l'architecture du Second Empire.
La décoration d'intérieur fut, elle, confiée au sculpteur de renom Pierre-Edouard Charnier, qui travailla au Louvre sous Napoléon III. Cet artiste inspiré sut donner à l'hôtel Cail toute son originalité en s'appuyant sur une symbolique propre aux activités de J-F. Cail.
Les thèmes de la mer - le Génie de la Navigation représenté sous l'arcade Renaissance dominée par le buste de Cail -, de l'Agriculture et du Commerce sont récurrents dans la décoration d'intérieur de l'hôtel.
Les peintures illustrant les plafonds ou dessus-de-porte des différentes salles sont l’œuvre du peintre Pierre-Victor Galland, qui travailla notamment au Panthéon, à l'église Saint-Eustache, au Palais de Saint-Cloud, mais aussi à New-York, Saint-Pétersbourg et Londres, et participa au décor de l'Hôtel de Ville.
Les salles de cérémonies
L'escalier d'honneur
Cet escalier somptueux occupe tout le corps central du bâtiment, côté cour.
Éclairé par un lustre magistral, l'escalier est encadré par de larges tapisseries représentant "la Musique" et "les Arts Libéraux". La rampe n'est autre que l'œuvre des ouvriers ferronniers des ateliers Cail. Façonnée en bronze et en acier, elle laisse apparaître les initiales de Jean-François Cail ainsi que des branches de gui et les ailes et le caducée de Mercure.
L'ancienne salle à manger
Devenue aujourd'hui le "Salon de la Vénerie", cette salle présente tous les éléments de richesse du décor de l'hôtel : des figures de style pompéien ornent les douze panneaux des six portes entourées d'arabesques et sculptées en léger relief ; trois scènes de chasses réalisées en 1866 par Max Claude rehaussent les boiseries noires des murs et "l'Abondance" et "l'Agriculture" habitent allégoriquement le plafond peint par Victor Galland.
Une cheminée marbrée ajoute encore à l'esprit Second Empire de la salle. Enfin, le parquet de mosaïques de bois d' essences riches et variées habille le sol d'élégance.
La salle des mariages
Cette pièce, la plus somptueuse de l'hôtel Cail, est l'ancien grand salon.
On y retrouve divers symboles et allégories, dont les statuettes encadrant l'horloge placée sur la cheminée : "l'Architecture" et "la Musique".
Les figures picturales, créées par Victor Galland, représentent "l'Exactitude", "la Persévérance", "la Prévoyance", "l'Activité", "la Reflexion" et "le Pronostic".
Quant au plafond, il est éclairé par une composition sur le thème de l'Europe.
Les petits salons
Situés de chaque côté de la salle des mariages, les deux petits salons sont actuellement les bureaux du maire et des élus. Tout aussi richement décorés que le reste des salles, les salons ont conservé leur mobilier Napoléon III et arborent également des peintures de Victor Galland sur les plafonds et les dessus-de-portes.
L'aile de la rue de Lisbonne
L'aile des bureaux de la rue de Lisbonne a été édifiée en 1926-1928 par l'architecte Jacques Hermant. Le rez-de-chaussée de l'aile est occupé par une galerie donnant sur un grand escalier. C'est au dernier étage de cette aile de la rue Lisbonne, réaménagé dans un décor contemporain en 1988-1990, que se trouvent les services de l'état civil.
Le dernier aménagement effectué dans la mairie du 8e fut effectué en 1992. C'est en effet à cette date que fut achevée la nouvelle salle de réunion et de réception, située sous la cour d'honneur.